Le premier intérêt des romans de Gaudé, c'est la
Le premier intérêt des romans de Gaudé, c'est la force de leur style, leur potentiel poétique. Son écriture, limpide et belle nous transporte ici dans l'univers tragique des migrants africains qui tentent chaque jour de gagner une Europe qu'ils imaginent idéale. Qui tentent chaque jour de survivre pour atteindre la liberté. Deux histoires se juxtaposent dans ce récit initiatique : un premier narrateur, omniscient, relate les derniers jours de Salvatore, commandant d'un bateau italien chargé de recueillir depuis des années aux abords de Lampedusa des migrants abandonnés par leurs passeurs lybiens, hommes et femmes égarés dont il n'a jamais vraiment cherché à comprendre la situation. Jusqu'au jour où une femme, ancienne naufragée, lui raconte sa traversée et le drame qu'elle a vécu. C'est alors que Salvatore prendra conscience de la nécessité d'un changement d'existence, d'un nouveau départ. Où va t-il, que va t-il chercher? Jusqu'à la fin du roman, le lecteur ignore les objectifs de Salvatore, d'ailleurs, connait-il lui-même les raisons de son échappée? Le romancier subjugue son lecteur et le portrait psychologique de son premier héros est dense, convaincant.